Description
Né à Montréal en 1925, Pierre Gélinas rompt avec sa famille bourgeoise, se fait journaliste à dix-huit ans, puis militant syndicaliste et sympathisant communiste. Déçu par l’action syndicale et le communisme, il devient écrivain et reçoit en 1959 le Prix littéraire des Editions du Cercle du Livre de France pour son premier roman, Les vivant, les morts et les autres.
Largement autobiographique, le roman de Gélinas s’ouvre sur un mouvement de rébellion spontanée de bûcherons protestant violemment contre le sort qui leur est réservé par la compagnie qui les emploie. Sont déjà bien identifiés les deux espaces qui s’affronteront dans le roman: le monde ouvrier et la bourgeoisie industrielle et commerciale, classe dominante de la société.
Dans ces affrontements, Gélinas nous fait revivre les véritables commencements de la Révolution alors pas aussi tranquille que ce qu’elle deviendra, celle des grèves et de leur écrasement sanglant, de la syndicalisation rendue difficile par l’accointance du patronat avec Maurice Duplessis de la grande noirceur, des élections truquées et de l’infiltration par la police des mouvements de gauche. Les moments culminants du roman sont atteints durant le Congrès de la Paix qui se tient à Toronto et d’où sont écartés les nationalistes québécois et par l’émeute au Forum de Montréal après la suspension du grand hockeyeur Maurice Richard. Gélinas a été le premier à analyser brillamment dans son roman les tenants et les aboutissants de cette émeute qui a transformé les Canadiens français en Québécois.
Le roman de Pierre Gélinas constitue une exception dans notre littérature nombriliste et platement psychologique, d’où tout l’intérêt et tout ce plaisir qu’on prendra à le redécouvrir enfin.