Description
On n’est rien sans le regard aimant posé sur soi par l’être aimé. On n’a même pas la réelle joie de s’aimer soi-même sans cette chaleur dans les yeux de l’autre, sans cette tendresse, cette bonté, ce désir…J’ai beau enfoncer en moi le paysage que j’ai devant les yeux, le vert des arbres et le bleu de l’eau, et même le jaune de la maison sur ma droite et le gris acier de l’affreuse croix sur ma gauche, comme un poignard planté dans le cabochon de la montagne pour nous rappeler que l’humanité, bien que sortie tout droit du ventre de la nature, le massacre depuis toujours dans le plus grand aveuglement…J’ai beau me l’entrer dans le corps par les pupilles, ce tableau d’arbres, d’eau et de ciel, ça ne me donne pas la chaleur d’une simple paire d’yeux brillants qui se mirent dans les miens. Le jour se lève sur le lac…
Ainsi commence ce roman touchant, à l’écriture vive, qui met en scène une famille de Pohénégamook, dans le Bas-du-Fleuve, dont les plus jeunes membres tentent de se remettre au monde à leur manière, surtout Alice qui mène le bal du haut de ses dix-neuf ans. Que de vérités ne faut-il pas découvrir et laver dans l’eau des larmes ou dans l’eau d’un lac, de ces vérités qui dévalent les pentes de la montagne de la Croix à bord d’une vieille Galaxie 500 ou qui coulent à pic à l’embouchure de la Boucanée, canot délesté qui hante la mémoire de ceux qui restent. La Bête du lac vous fait signe.